Haití: tras una semana de espectáculos culmina Carifesta XII, el evento cultural más grande del Caribe
Le festival Carifesta pâtit des soucis de transport
La douzième édition du festival Carifesta s’achève dimanche en Haïti. Tous les artistes, qui ont offert pendant une semaine leurs créations au public haïtien, souhaitent plus de facilité dans les échanges entre pays de la Caraïbe.
Avant de monter sur scène devant une foule réunie sur une place publique de la capitale, le musicien Lincoln Stanislaus, surnommé «Blade» dans son pays Antigua, a confié à l’AFP être fier de vivre un «moment historique»: «Sans Haïti, nous n’aurions pas pu vivre cette formidable expérience de libération de l’esclavage. C’est un grand privilège d’être ici.» Quittant la scène en reprenant un tube de Bob Marley, sous l’acclamation des spectateurs, le Jamaïcain dBurnz souligne aussi cet héritage historique qui rassemble les pays de la Caraïbe : «Etre ici, dans le premier pays noir qui a pris son indépendance, c’est une étape importante.»
Carifesta est le plus grand festival culturel du bassin caribéen qui, tous les deux ans, met à l’honneur la musique, le théâtre, les arts plastiques et même la gastronomie de la quinzaine de pays membres de la Caricom. Pour la première fois, Haïti a eu la charge d’organiser l’événement en rassemblant des artistes venus du bassin antillais mais aussi, pour cette douzième édition, des Etats-Unis et du Canada.
La grande place du Champ de Mars, au coeur de Port-au-Prince a, pour l’occasion, été transformée en un gigantesque marché de l’artisanat. Un large espace pour flâner apprécié des habitants de la ville par ailleurs encombrée par les interminables embouteillages. Dans sa boutique éphémère, Chery, créatrice de Kingston est heureuse : «J’étais au Suriname, il y a deux ans, quand Haïti a été annoncé comme prochain pays hôte de Carifesta. Depuis ce jour, je me suis dit que j’allais venir soutenir ce pays. Je suis heureuse de savoir que j’ai pu être en vie pour voir le festival venir en Haïti.»
Fréquentation limitée
L’annonce tardive de la programmation du festival par le comité organisateur a limité la fréquentation. Certains artistes ont joué devant un public très restreint. Le passage de la tempête Erika sur l’île a également provoqué l’annulation de toutes les représentations prévues vendredi soir. Mais ce sont surtout les difficultés de transport entre les pays de la Caraïbe qui a empêché Carifesta d’avoir un rayonnement international. «Laissez-moi vous dire : ça a été un cauchemar pour arriver en Haïti depuis Sainte-Lucie», témoigne Kentry Jn Pierre, qui travaille au ministère du Tourisme et des Industries créatives de Sainte-Lucie. «J’aurais sans doute pu aller à New York ou Londres deux fois et ça n’aurait pas été aussi cher», regrette-t-il.
Actuellement, Miami reste une escale incontournable pour voyager entre pays de la Caraïbe. Un trajet long, qui nécessite l’obtention d’un visa américain, ce qui limite considérablement les déplacements. «Les avions voleront là où les gens voudront aller mais si vous avez peu de personnes qui vont de Sainte-Lucie à Haïti alors pourquoi faire voler un avion ! Les gouvernements de la Caraïbe doivent saisir la question du déplacement dans la région», conclut Kentry Jn Pierre, par ailleurs totalement dépaysé de se retrouver dans un pays de 10 millions d’habitants, alors que Sainte-Lucie ne compte que 170.000 personnes.
S’il plébiscite Carifesta et participe à chaque édition, Roy Cummings, de Georgetown au Guyana, en appelle lui aussi à plus de facilité dans les échanges caribéens : «On doit se réunir, nous ouvrir et créer des emplois. Les Européens peuvent voyager dans la zone euro : on doit faire ça dans la Caraïbe et ne pas fermer nos portes. Certains pays devraient s’ouvrir aux Haïtiens, les laisser venir et trouver du travail. Je sais pour sûr que les Haïtiens vont économiser chaque centime pour avoir ici une vie meilleure.»