Haití: Tribunal investiga el dinero gastado por el presidente Martelly en sus 40 viajes al exterior desde 2011
Haïti : Les fabuleux voyages de Michel Martelly aux frais de la princesse
La Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA) devra se pencher sans délai sur le gaspillage occasionné par les dépenses faramineuses du président Martelly dans sa paranoïa le conduisant à se frotter aux grands de ce monde. Nous avons soulevé une partie du voile en indiquant au Tableau ci-dessous les 40 voyages effectués par le président Martelly à l’étranger de juin 2011 à juin 2015 et qui totalisent 191 jours en quatre ans. Cette comptabilité des voyages n’est pas exhaustive. Avec des frais journaliers (perdiem) de vingt mille (20 000) dollars américains [1], ces 40 voyages à l’étranger ont permis au président Martelly d’encaisser personnellement la rondelette somme de trois millions huit cent vingt mille (3 820 000) dollars américains. Nos estimations conservatrices concernent uniquement les frais journaliers (perdiem) collectés.
Il ne faudrait pas confondre ce montant avec le coût total payé par l’État haïtien pour ces 40 voyages, car le président Martelly est toujours accompagné d’au moins quatre autres personnes. Dans certains cas, les voyages sont composés d’un personnel pléthorique dont le chiffre dépasse l’imagination. La CSC/CA a du travail pour faire la lumière sur le gaspillage des fonds publics par le bandi legal en chef. Au fait, au cours de ses deux premières années, Martelly a voyagé une moyenne de soixante-six (66) jours par an, soit plus du double que celle du président Obama qui est de vingt-huit (28) jours par an pour la même période. Martelly a des choses plus importantes à faire que le président Obama ! Il a plus de ressources financières que le pauvre Obama ! Martelly a des accords militaires et économiques à maintenir pour assurer l’hégémonie haïtienne sur le monde !
La politique ridicule de la popularité zombifiante
Comment comprendre et expliquer ces voyages qui n’en finissent pas ? Les courtisans entourant le président Martelly lui ont appris que les voyages forment la jeunesse. Ainsi, il a décidé de les prendre au mot pour se « former » afin de pouvoir faire face à la grogne sociale et au pourrissement de la situation politique interne. Les courtisans ont surtout souligné que les voyages aideront à changer l’image folklorique et ridicule du président « Sweet Micky » dansant sur un podium avec son sexe à la main dans une petite culotte. Pour détourner le malaise profond créé par cette image de travesti, les voyages à l’étranger offrent au président de belles occasions de zombifier davantage le peuple haïtien. Les médias sont mis à profit pour contaminer la jeunesse et remplacer dans leurs esprits les valeurs intrinsèques par des illusions et des réussites artificielles.
Cette opération de charme est menée tambour battant pour montrer que Martelly est considéré comme un interlocuteur valable par les chefs d’État et de gouvernement étrangers. Les reportages de ces voyages de Martelly servent à aveugler ceux et celles qui les contemplent sans avoir le bagage intellectuel nécessaire pour comprendre le mirage. Blan di li bon donk li bon ! (Le Blanc a dit qu’il est bon, donc il est bon). Ultime zombification de l’Haïtien devant le Blanc qui, lors des élections de 2010, a imposé au Conseil Électoral provisoire (CEP), le maître-chanteur Martelly comme président de la république. Encore une fois, les Haïtiens sont considérés comme des restavèk dont les comportements peuvent être modifiés à volonté dans le mauvais sens, une fois utilisées les techniques appropriées de lavage de cerveau. Mélange de sorcellerie et de terreur expérimenté à fond sous le gouvernement des Duvalier et des tontons macoutes. Conviction développée par tous les quidams qui veulent transformer en capital politique leur popularité zombifiante réalisée n’importe comment.
La zombification est importante, surtout quand c’est le Blanc qui en veut. Elle doit continuer sans interruption, d’abord avec la censure, puis avec le football, avec le carnaval, avec la loterie, avec l’ésotérisme, avec l’occultisme, avec la popularité de pacotille, dans un environnement de folie politique. On se rappelle le film prémonitoire Royal Bonbon de Charles Najman, paru en 2003. Dans ce film, un soldat de l’armée démobilisée déclare « Je suis le roi Henry ». Il est ridiculisé par des railleurs qui l’appellent « Roi Kaka » ou encore « Roi Chacha ». Toutefois, arrivé à Milot, il rencontre assez de fous pour reconstituer la cour du roi Henry. Comme un autre roi bien connu de carnaval, il trouve ce que Dany Laferrière nomme la gouvernance de ceux qui vivent dans « une situation de paranoïa totale » [2]. Ce fameux « Roi Chacha » place les gens sur une balance avant de leur attribuer des grades et postes en fonction de leur poids.
D’autres cinéastes se sont abreuvés à la zombification pour rendre compte de ce cortège d’indécences qui parvient même à mobiliser les foules. C’est le cas avec Les amours d’un zombi réalisé par Arnold Antonin en 2009, selon un scénario de Gary Victor. Le cinéaste a la haute conscience de la fascination qu’un zombi parvient à susciter dans un pays majoritairement habité par d’autres zombis. D’où la popularité déroutante de ce zombi choisi par la classe politique comme candidat à la présidence. Dans le type de démocratie pratiquée dans notre pays, la popularité entraine souvent un nivellement par le bas. Avec toutes sortes d’obstructions plus ou moins camouflées pour donner aux pires assoiffés de pouvoir la possibilité de mener à bien leurs sombres desseins.
Faire le tour du monde avant la fin du monde
Nous écrivions en 2013 « Par déformation professionnelle, Martelly verse continuellement dans le spectacle et l’activisme. C’est ce qui compte pour lui. Il est mû par une incontrôlable bougeotte qui le porte à s’agiter continuellement pour donner l’impression qu’il fait quelque chose [3]. » Cette « bougeotte » est la marque que Martelly imprime à la présidence avec un acharnement sans précédent. Selon le personnage Alain Possible du caricaturiste Teddy Keser Mombrun du journal Le Nouvelliste du 4 décembre 2012, Martelly veut « faire le tour du monde avant la fin du monde. » Prenant alors au sérieux la prévision des Mayas que le 21 décembre 2012 serait la fin du monde, Martelly décide d’arpenter le globe en augmentant la cadence. D’où sa frénésie des 71 jours de voyage avant cette date fatidique !
On aurait eu tort de croire que son enthousiasme pour les folles journées de vadrouille se tarirait après la date fatidique du 21 décembre 2012. Il avait déclaré à ses comparses et autres complices « Si ça n’arrive pas, l’année prochaine, j’irai sur la lune ». Martelly ne plaisante pas et s’amuse sans la moindre retenue aux frais de la princesse. Pour prendre sa revanche sur la société haïtienne qui le traitait de marginal à cause de ses forfaits, rien ne lui parait mesquin. Refusant de dépasser son égoïsme et sa méchanceté, il dépense tèt kale (allègrement) l’argent d’Haïti dans des voyages extrêmement couteux alors que les Haïtiens croupissent dans la misère.
Le président Martelly a quadruplé les perdiem que son prédécesseur Préval recevait pour les voyages à l’étranger en les portant de cinq mille (5 000) dollars américains à vingt mille (20 000) dollars américains. Et du même coup, c’est la multiplication des voyages à l’étranger. On comprend donc que le budget du palais national soit passé de 95 millions de gourdes sous le gouvernement de Préval à environ 165 millions pour la première année de Martelly et ait atteint 329 millions pour l’exercice 2013-2014.
Les prétextes pour voyager sont multiples. Pour assister aux funérailles de Chavez au Venezuela et de Mandela en Afrique du Sud. Pour participer à la prestation de serment du président Correa en Équateur. Pour chercher des investisseurs aux quatre coins du monde. Pour aller chanter en République Dominicaine avec Julio Iglesias devant le gratin de la classe politique dominicaine incluant le président Danilo Medina, le chancelier Carlos Troncoso et le président du PRD, Miguel Vargas.
À cette occasion, le secrétaire d’État du Plan en Haïti a financé avec des milliers de dollars provenant du trésor public le tour de chant du président Martelly à Altos de Chavón. Un avion a été affrété et plusieurs dizaines de chambres d’hôtel et des perdiem ont été payés aux membres de la nombreuse délégation accompagnant le président maître-chanteur qui « chante partout où il passe » [4]. Signalons que ce tour de chant spécifique accuse des échecs cuisant sur toute la ligne. À preuve le rapatriement en Haïti des Dominicains d’origine haïtienne commencé le 17 juin 2015.
Dans l’entendement de Martelly, son absence du pays se justifie pour faire voir et vendre la destination Haïti dans le cadre de la promotion d’un tourisme problématique qui ne pourrait être qu’une enclave sans rapport avec les autres secteurs d’activités fondamentales du pays. Dans le Tableau, nous n’avons pas inclus ces voyages de Martelly en jet privé en République Dominicaine comme ceux des 11-12 juin 2014, du 22 juillet 2014 et du 15 janvier 2015 à Punta Cana. La Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSC/CA) devra comptabiliser ces déplacements en jet privé au coût de six mille (6 000) dollars américains l’heure par Martelly dans les rapports qu’il aura à faire à la nation. Le président Martelly s’est personnellement investi dans cette promotion du tourisme et court dans tous les sens sans tenir compte des aspects négatifs d’une telle initiative.
En effet, le tourisme a des coûts d’opportunité énormes dans un pays comme Haïti qui ne produit pas les denrées alimentaires et les boissons nécessaires au tourisme. C’est aussi le cas pour les secteurs de la santé et des transports qui sont incapables de répondre à la demande haïtienne voire à la demande additionnelle qui serait générée par les touristes. Enfin, le tourisme ne fera qu’augmenter les importations de nourriture tout en risquant de dévoyer la jeunesse à travers le tourisme sexuel comme cela s’était fait sous le gouvernement de Jean-Claude Duvalier.
La population essaie de comprendre ce qui fait courir tant le président Martelly à travers le monde. Il doit aller par-ci et par-là, à Caracas et à Miami, pour trouver des ressources financières, au Vatican et à Washington pour redorer son image. Il doit bouger pour se faire de l’argent à toutes les occasions. En tant que commis-voyageur, il transporte des choses sérieuses dans ses bagages. C’est ce qui explique leur fréquence. Ses déplacements sont importants pour son petit clan qui veut imposer ses effets multiplicateurs pour garder le pouvoir même si le peuple haïtien ne voit jamais aussi bien leurs justifications et leurs retombées réelles. Des voyages sans pertinence et sans aucune incidence positive pour Haïti.
[1] Berthony Dupont, « Dix raisons pour destituer Joseph Michel Martelly », Haïti Liberté, vol. 7., no. 2, 24 juillet 2013. [2] Dany Laferrière, TV5 Monde, RFI et Le Monde, 24 mai 2015. [3] Leslie Péan, « La classe politique, la société civile et les parjures (1 de 2) », AlterPresse, 15 août 2013. [4] Frantz Duval, « Pourquoi Martelly voyage-t-il autant ? », Le Nouvelliste, 29 octobre 2014.