Partidos de oposición rechazan intervención de la OEA en las elecciones
Haiti-Elections : L’Oea s’attire les foudres de l’opposition
L’Organisation des Etats américains (Oea) n’a « aucune crédibilité » pour appeler à la poursuite du dialogue et au respect des obligations prises, suivant l’accord d’El Rancho du 14 mars 2014, afin d’assurer la tenue d’élections en 2014, critiquent plusieurs partis politiques.
C’est une honte pour l’Oea de lancer cet appel aux partis politiques parce que celle-ci n’a aucune crédibilité aux yeux de la population haïtienne, condamne le secrétaire général de la Fusion des sociaux-démocrates, Rosemond Pradel, interrogé par AlterPresse.
Différentes élections frauduleuses, réalisées dans le pays, ont été cautionnées par l’Oea, rappelle Pradel, faisant allusion aux scrutins « frauduleux » de 2010 qui ont permis l’accession de Joseph Michel Martelly au pouvoir.
Dans un premier temps, Martelly, ayant obtenu 21.84 % des voix, était écarté du second tour, à l’avantage de Mirlande Hyppolite Manigat, créditée de 31.37%, et du candidat officiel Jude Célestin, qui arrivait en seconde position avec 22.48 % des voix.
Après une évaluation de ces résultats, une mission de l’Oea avait, à l’époque, préconisé la mise à l’écart du candidat Jude Célestin, en faveur de Martelly.
« Les fonctionnaires de l’Oea n’ont vraiment aucun souci pour la démocratie dans le pays. Ils veulent une démocratie au rabais. Il faut les dénoncer », encourage le secrétaire général de la Fusion, relevant combien cette organisation hémisphérique aime se positionner du côté du pouvoir.
La semaine dernière, le conseil permanent de l’Organisation des États américains (OEA) a adopté une déclaration appelant les trois pouvoirs en Haiti à se conformer à l’accord El Rancho, qui prévoit des élections législatives et municipales à la fin de 2014.
L’accord d’El Rancho, contraire à la Constitution
« L’accord d’El Rancho est anti-constitutionnel. Il ne saurait être au-dessus de la Constitution », fustige, par ailleurs, Pradel, reprochant le manque de gêne de l’Oea à intervenir dans ce dossier, pour demander la prise en compte de cet accord.
« Nous sommes contre l’accord d’El Rancho, parce qu’il n’y avait pas de vrais protagonistes qui y étaient impliqués », affirme le docteur Junot Félix, coordonnateur du parti Aksyon pou rekonstwi yon Ayiti òganize (Action pour reconstruire une Haïti organisée, Akao), se disant, toutefois, favorable à la tenue d’un dialogue.
Divers partis politiques, comme Fanmi Lavalas, Fusion des sociaux démocrates, Kontra pèp et le Mouvement patriotique de l’opposition démocratique (Mopod) ont boudé ou laissé le dialogue de mars 2014.
Avec ses analyses biaisées, l’Oea prend déjà partie pour le pouvoir contre les sénateurs, estime Akao, invitant les protagonistes concernés à assainir le processus électoral par le rejet des impositions de la communauté internationale, dont l’Oea, et de l’argent de la drogue.
Position autoritaire du gouvernement et appel au dialogue
« Le gouvernement reste sur sa même position autoritaire depuis le début de la crise », constate Akao, déplorant l’organisation, par Martelly, de six carnavals (depuis 2012) dans le pays et la nomination d’agents exécutifs intérimaires, malgré les points de vue contraires, exprimés par diverses couches de la nation.
La décision, de remplacer les conseils municipaux élus par des agents exécutifs intérimaires dans le pays, a été prise en date du 11 mai 2012.
« Cet appel de l’Oea n’est pas nécessaire. Nous sommes un parti signataire de l’accord d’El Rancho. Nous ne croyons pas dans la violence, mais dans le dialogue et l’intercompréhension », réagit, pour sa part, le coordonnateur de l’Organisation du peuple en lutte (Opl), Sauveur Pierre Étienne, récipiendaire d’un nouveau mandat à la tête de L’Opl.
L’Organisation du peuple en lutte demande aux sénateurs de l’opposition et à ceux proches du pouvoir en place de mettre de côté leurs intérêts mesquins et de prendre le chemin de la négociation, dans l’intérêt supérieur de la nation haïtienne.
Au cas où les élections ne seraient pas organisées dans le pays, l’exécutif pourrait constater la caducité du parlement en janvier 2015.
Ce qui créera un vide institutionnel et un tsunami politique, que l’Opl veut éviter, met en garde la formation politique coordonnée par Sauveur Pierre Etienne.
En retard depuis 2011, ces élections devraient permettre le renouvellement de la chambre des députés, d’un ou de deux tiers du sénat, des élus communaux et des collectivités territoriales.
De son côté, le secrétaire général de la Fusion encourage l’exécutif à s’asseoir avec les sénateurs, en vue d’éviter la voie de la confrontation et de l’autoritarisme.
« On ne dirige pas un pays comme ҫa. Dans un système démocratique, c’est le dialogue et la recherche du consensus qui doivent être privilégiés par le pouvoir en place. L’exécutif ne perdra jamais la face en s’asseyant avec les sénateurs, parce qu’il est là pour régler les problèmes de tout citoyen ».
Pradel souhaite la mise en place d’une table de dialogue en permanence, pour sortir le pays dans l’embarras dans lequel il se trouve.
Il n’y a aucune volonté du pouvoir d’organiser les élections, constate, tout de même, la Fusion, soulignant les nombreuses tergiversations et le retard du gouvernement dans la mise en œuvre du processus électoral.
Pour sa part, Danielle Saint-Lot, la porte parole du parti haïtien tèt kale (Phtk), favorable au président Joseph Michel Martelly [1], dit appuyer l’appel lancé par l’Oea.
Saint-Lot espère que les différents protagonistes, impliqués dans le processus électoral, vont prendre le chemin du dialogue.
L’accord d’El Rancho « est constitutionnel », parce qu’il y avait plus de 50 partis politiques qui étaient là, argue Saint-Lot, indiquant avoir été partie prenante du dialogue, relatif à l’accord de mars 2014.
« C’est dommage » que les sénateurs ne veulent pas faire le nécessaire pour le respecter, regrette-t-elle.
Alterpresse, Haití