Haití: la oposición lanza propuesta de diálogo para superar crisis pre-electoral

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La société civile appelle Martelly à emboîter le pas

Vingt-quatre heures après la conférence de presse donnée par le groupe des six sénateurs de l’opposition endossant l’invitation au dialogue lancée par le président du Sénat au président Martelly sur la crise préélectorale, des organisations de la société civile saluent cet appel à la négociation et encourage le chef de l’Etat à emboîter le pas à ces sénateurs en vue d’éviter au pays de sombrer davantage dans le chaos.

« Ces sénateurs n’avaient pas participé au dialogue d’El Rancho. Voilà qu’aujourd’hui ce sont eux qui sollicitent le dialogue. Il faut que le président de la République réponde à cette demande. Nous autres de la société civile encourageons le président Martelly à leur emboîter le pas afin d’aboutir à un consensus sur la façon dont les élections doivent se tenir et sur la gestion de l’Etat », a déclaré vendredi le directeur exécutif de l’Initiative de la société civile (ISC) en marge d’une rencontre avec la commission Economie et Finances du Sénat dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances 2014-2015.

Selon Rosny Desroches, le dialogue est la voie royale pouvant prévenir cette catastrophe politique annoncée pour le 2e lundi de janvier 2015. La société civile, a-t-il enchaîné, est prête à accompagner les acteurs dans le processus de dialogue. Convaincu que les acteurs doivent retourner sur la table de négociations, M. Desroches laisse entendre que le dialogue d’El Rancho a toute son importance, donne un certain résultat même s’il n’a pas permis de résoudre la crise. « Dans la mesure où c’est cet accord qui a permis aux acteurs de se mettre d’accord pour qu’il y ait une seule élection, à savoir le renouvèlement de la Chambre des députés, les deux tiers du Sénat et les collectivités territoriales…. »

En ce qui concerne les recommandations de l’Organisation des Etats américains (OEA) exigeant le respect de l’Accord d’El Rancho et l’organisation des compétitions électorales, le directeur de l’ISC estime que ces recommandations manifestent le souci de l’organisation hémisphérique d’éviter un vide institutionnel au pays en 2015. Selon sa compréhension du rapport de l’OEA, celle-ci insiste surtout sur la nécessité pour que les élections (qui devaient avoir lieu depuis deux ans) aient lieu le plus vite possible. Mais il demande à tous les acteurs de l’Etat de dialoguer entre eux. « Cependant, estime Rosny Desroches, les conditions politiques et sécuritaires ne sont pas encore réunies pour l’organisation de ces joutes. »

C’est dans cette optique que Rosny Desroches pense qu’une troisième phase du dialogue entre l’exécutif, le législatif, les partis politiques avec la présence de la société civile est absolument indispensable. « Car des dispositions doivent être prises pour qu’il y ait une meilleure gouvernance dans le pays : gouvernance au niveau des finances publiques, meilleure gestion au niveau de la sécurité publique. » Toujours d’après lui, « les choses doivent bien passer afin de prévenir d’autres turbulences politiques. Surtout quand on sait qu’il y a eu récemment l’évasion de plus de 300 prisonniers aujourd’hui en cavale. C’est inquiétant pour l’environnement électoral…. »

Ce n’est pas le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) qui, lui aussi, a pris part à la rencontre aux côtés d’autres organisations comme le CONANE ou le Forum économique du secteur privé, qui dira le contraire. « Il est important que le chef de l’Etat accepte de répondre à l’invitation au dialogue lancée par le Sénat, a recommandé Pierre Espérance. Car, il serait bon que le Sénat vote l’amendement de la loi électorale comme on l’exige. Mais en même temps, il ne doit y avoir de répressions politiques sur les opposants au pouvoir. »

Prenant le contrepied des recommandations de l’OEA, Pierre Espérance estime, par ailleurs, que l’organisation hémisphérique est en manque d’informations sur la conjoncture politique. De surcroît, le responsable du RNDDH croit que l’Exécutif ne peut en aucune manière mettre en application l’article 12 de l’Accord d’El Rancho. « La meilleure façon de résoudre la crise est d’entreprendre un dialogue franc, sincère entre les sénateurs et les partis politiques de l’opposition », a-t-il conseillé, arguant qu’il n’y a aucune possibilité que les élections aient lieu même au cours du premier trimestre de l’année 2015, voire à la fin de l’année en cours. Or, rajoute Pierre Espérance, la Constitution ne donne aucune prérogative au chef de l’Etat de diriger par décret. « C’est pourquoi il faut qu’il y ait une entente politique afin d’éviter le chaos…»

Parallèlement, l’un des responsables du Consortium des partis politiques proches du pouvoir désapprouve la campagne des sénateurs progouvernementaux qui menacent de démissionner de leurs fonctions de sénateurs afin que le Grand Corps soit dysfonctionnel et du même coup de faciliter la tâche au président Martelly. « Nous n’adhérons pas à cette initiative. Je ne comprends pas la motivation d’une telle démarche. Les sénateurs doivent répondre au rendez-vous de la loi : accomplir la tâche que leurs mandants leur ont confiée», a indiqué Fednel Monchéry de la plateforme politique Répons peyizan lors d’une conférence de presse ce vendredi.

S’agissant de l’appel au dialogue, le dirigeant de Repons peyizan concède que le pays est dans une situation où le dialogue est plus que nécessaire. « Nous sentons que le pays est en train de se polariser en deux camps : le groupe de six et le groupe des cinq qui restent sur leurs positions de départ. Dans ce sens, Repons peyizan a fait le devoir d’écrire au président Martelly et au Core group pour montrer la nécessité de continuer à motiver les acteurs à reprendre le chemin du dialogue. C’est le seul moyen de trouver une issue favorable à la crise. Le non-amendement de la loi électorale constitue un sérieux blocage au processus électoral », a dit Fednel Monchéry, invitant le cardinal Chibly Langlois à convoquer à nouveau les acteurs autour de la table de négociations.

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