Haití: organizaciones ambientales unifican lucha contra minería a cielo abierto
Haïti-Mines : Vingt-huit organisations veulent rejoindre un collectif luttant contre l’exploitation minière à ciel ouvert
Plusieurs organisations s’apprêtent à rejoindre le Collectif justice mine (Cjm) en vue d’élaborer des stratégies de mobilisation contre l’exploitation minière à ciel ouvert en Haïti, apprend AlterPresse.
Le Cjm est composé pour l’instant de la Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh), Tèt kole ti peyizan, la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), Défenseurs des opprimés (Dop) et du Mouvement démocratique populaire (Modep).
Cette décision a été prise lors d’une séance de formation et de partage d’informations sur les ressources minières, organisée à Babiole (Port-au-Prince), le 25 juillet 2014, par le Collectif justice mine (Cjm).
Les vingt-huit (28) organisations ayant pris part à l’activité sont préoccupées par les effets qui accompagnent l’exploitation minière à ciel ouvert.
Inspirées d’expériences macabres de plusieurs pays d’Amérique Latine et d’Afrique, ces organisations se méfient des discours claironnant que l’exploitation minière en Haïti, génèrera croissance et emplois.
« Les ressources métalliques, en particulier l’or, n’ont aucune importance pour un paysan puisqu’elles sont utilisées par les grandes Banques et Spéculateurs du marché mondial, convertissant, actuellement, les monnaies en or », martèle un participant.
Par ailleurs, la crise économique mondiale, débutée entre 2007-2008 accélère le processus d’exploitation des ressources minières.
« L’industrie minière est caractérisée par une véritable offensive du capital transnational provoquant des crises alimentaires, énergétiques, financières et économiques et une marchandisation des ressources métalliques », explique le professeur Camille Chalmers, directeur exécutif de la Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda).
Il souligne qu’en un an, le monde consomme une quantité de pétrole qui met 5 millions d’années à se former.
Entre dégâts collatéraux et profits !
Haïti a une sombre histoire en matière d’industrie extractive. L’intensité de pillage était énorme. Sur 83 millions dollars de profits générés par la mine de bauxite à Miragoane (Compagnie Reynold S.A), l’Etat haïtien n’en a retiré que 3 millions », rappelle Chalmers.
Actuellement, selon lui, le secteur minier fait l’objet d’une propagande gouvernementale arguant, à travers le Plan stratégique de développement d’Haïti (Psdh), que « le secteur minier est le véritable pôle de développement économique du pays ».
Le directeur de la Papda s’est également étendu sur les risques environnementaux et sanitaires.
L’exploitation des minerais peut provoquer la destruction des ressources floristiques et fauniques, la forte probabilité d’accidents mortels liés à l’utilisation de produits chimiques. L’industrie extractive risque de provoquer chez les femmes des malformations congénitales, soutient Camille Chalmers.
Mise en garde contre la Banque mondiale
L’avocate Ellie Happel, membre de la clinique justice mondiale (Cjm) a mis en évidence l’implication de la Banque mondiale dans le secteur minier.
La Banque mondiale, à travers une branche dénommée Centre de facilitation des investissements (Cfi) a attribué 5 millions de dollars à la compagnie Eurasian Minerals pour effectuer des recherches sur le territoire.
La Banque mondiale a apporté une assistance technique au gouvernement haïtien dans le cadre de l’élaboration du code minier haïtien, fait savoir Ellie Happel.
L’avocate met en garde contre de possibles conflits d’intérêts avec l’implication de la Banque mondiale dans la facilitation du partenariat public-privé.
Récemment, les experts de l’entreprise publique sud-africaine, Council of Géoscience ont évalué le potentiel minier d’Haïti.
La première carte des occurrences et gisements métalliques en Haïti a été soumise aux autorités haïtiennes qui devront adopter de nouvelles dispositions pour moderniser le secteur minier.
Selon les experts sud-africains, Haïti regorge d’importants gisements d’or, de cuivre et de manganèse ainsi que d’autres minerais associés dont le nickel, l’argent, la bauxite et le platine.
http://www.alterpresse.org/spip.php?article16789#.U-CuleOSx_d