Haití: maestros comenzaron protesta “indefinida” por mejoras laborales

440

Enseignants en grève, les élèves dans la rue

Après avoir perdu une vingtaine de jours, suite au report de la rentrée des classes, les élèves des écoles non publiques subissent aujourd’hui la << grève illimitée des enseignants >> qui continuent de réclamer leur nomination dans le système, de meilleures conditions de travail et une revalorisation salariale. L’éducation de qualité prônée et rêvée reste toujours dans l’impasse…

Alors que le ministère de l’Education nationale parle de la journée nationale des statistiques scolaires qui se tiendra vendredi, des centaines d’écoliers d’établissements scolaires publics jouent mardi matin au Champ de Mars ou dans la cour de leurs écoles. Pour certains, c’est une habitude. Pour d’autres, leur présence sur la plus grande place publique de la capitale est due à l’absence d’enseignants dans leurs établissements scolaires. L’énième grève des enseignants paralyse tout. Fatigués avec une telle situation, une centaine de lycéens se rendent devant le ministère pour cracher leur mécontentement. Au lycée Toussait Louverture, dont les travaux de reconstruction ont été lancés récemment, une dizaine d’élèves sont assis sur un perron à quelques mètres de la direction.

D’autres, à l’entrée, se perdent passionnément dans une discussion de basket-ball. A cette heure, ils devraient être en salle mais ils paient, eux aussi, la grève. Pour pallier leur oisiveté, livres en main, ils se meublent l’esprit ou repassent leurs notes. Certains d’entre eux s’apprêtent à participer à un concours de génie scolaire. La grève les dérange certes, mais ne semble aucunement chasser leur détermination. Reconnaissant que les revendications des enseignants sont justes, le directeur du lycée Toussaint Louverture, Rodrigue Duverger, croit que seul un dialogue constructif entre les différents protagonistes peut aider à trouver un dénouement à cette situation qui prévaut depuis bientôt 3 jours dans la grande majorité des écoles publiques de la république. « Je vais affronter les examens officiels dans moins de sept mois et j’ai un programme à couvrir, rappelle Hans Percy Dauphin, un élève de rhéto. Avec cette nouvelle grève, ce sont les élèves qui en pâtiront. » Pour lui, le ministère de l’Education nationale ne tiendra pas compte de ces grèves répétitives, dont sont victimes les écoles publiques, lorsqu’il aura à faire choix des tests d’examens officiels. De son côté, Jean Reynald Belance, qui est en classe terminale, déplore le fait que les élèves de 7e s’habituent déjà au spectre de la grève inhérente aux écoles publiques depuis des décennies. « Je ne peux que demander aux autorités de satisfaire les revendications des enseignants », dit-il, n’écartant pas la possibilité de gagner les rues si la grève se poursuit indéfiniment. Au lycée Alexandre Pétion, le décor n’est pas trop différent.

A 13 heures, des élèves de la terminale s’apprêtent à regagner leur domicile. « Nous sommes ici depuis ce matin, nous avons trouvé une façon de tuer le temps puisque les professeurs sont aux abonnés absents depuis l’annonce de la grève », lâche le boute-en-train Bethoven Dorsainvil, élève de philo au lycée Alexandre Pétion, ignorant la date de la reprise des cours dans un pays où les écoles publiques sont traitées en parents pauvres. Cette situation ne laisse personne indifférent. Même les potaches de plus bas niveau. « Que l’Etat assume ses responsabilités afin que les enseignants puissent reprendre le chemin de travail », déclare consciemment Lexy Isaac, 12 ans, élève de 7e du lycée. Des professeurs toujours en grève officieusement… Pour certains fonctionnaires du système, le problème est beaucoup plus complexe. Pour un enseignant récemment nommé par le ministère de l’Education, les conditions de travail dans les écoles publiques sont loin de permettre un meilleur apprentissage des élèves. Pour ce jeune normalien qui enseigne les lettres au lycée Jean-Marie Vincent, « les conditions de travail sont vraiment déplorables avec 200 élèves – environ 120 debout et 80 assis – entassés dans une salle de classe, confie-t-il. C’est compliqué de transmettre quelque chose dans de telles conditions. C’est impossible aussi d’évaluer les élèves. Comment corriger 400 épreuves pour seulement deux salles de classe ?».

« J’ai beaucoup appris du système, poursuit l’enseignant qui perçoit 7 000 gourdes comme salaire pour une chaire d’au moins six heures fournies par semaine. Je me suis vraiment rendu compte que le pays n’est pas ce qu’il est aujourd’hui au hasard. C’est un système négligé, méprisé. » Des enseignants, pourtant nommés, mettent rarement leurs pieds dans les écoles où ils sont affectés. Ils négligent les écoles publiques au profit des écoles non publiques. « Les collèges ne prendront pas une éternité pour payer ses enseignants, avance l’ancien étudiant à l’Ecole normale supérieure. Se yon kob cash. Moi, par obligation professionnelle, je ne le fais pas. Je respecte mes élèves, et mes absences sont toujours motivées. » Le chef de l’Etat interpellé ? Un communiqué de la présidence confie que le chef de l’Etat a eu une réunion, le lundi 20 janvier 2014, avec le ministre de l’Education nationale, Vanneur Pierre, au cours de laquelle « il lui a passé des instructions très claires pour que soient nommés dans un délai raisonnable tous les enseignants en poste travaillant sans lettre de nomination et répondant au profil exigé par le ministère ».

« L’éducation représente l’axe majeur autour duquel gravitent toutes les autres priorités du président de la République dont la volonté de faciliter l’accès à l’éducation gratuite de qualité à tous les enfants haïtiens et d’améliorer les conditions de vie des enseignants est indéniable », a souligné cette note. Les syndicats réagissent Après avoir appris la nouvelle, la Plateforme des syndicats d’enseignants (CNEH, FENATEC, CONEH, UNNOEH et GIEL) a salué l’instruction de Michel Martelly qui dit mettre l’emphase sur la condition enseignante comme autre point important sur lequel le ministre doit se pencher avec une attention soutenue. « Les instructions du président ne portent que sur une partie du cahier des charges, sur les arriérés et les nominations sans toucher le problème de fond, critique la plateforme qui plaide pour un dialogue constructif. La plate-forme s’attend à ce que le ministère établisse avec la puissance publique l’essentiel à savoir le statut des enseignants dans la fonction publique en tenant compte de leur qualité, de leur compétence, de leur ancienneté et de leur éloignement, comme c’est le cas pour tous les agents de la fonction publique. »

De son côté, le ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle lance un appel au calme afin d’éviter tout dérapage regrettable et préserver l’intérêt supérieur de l’école et la sérénité nécessaire pour affronter les défis de la refondation du secteur éducatif. Il invite les associations d’enseignants à reprendre le dialogue entamé autour de leurs revendications dont le processus est déjà enclenché avec, entre autres, la proposition du statut particulier des personnels éducatifs incluant le plan de carrière, les avantages sociaux, et la grille salariale révisée pour le personnel éducatif. « Une Commission ad hoc a été créée en vue de relancer dès demain le dialogue avec les représentants du secteur syndical enseignant autour de leurs revendications » , souligne le ministère. Malgré ces grèves à répétition pour les mêmes revendications, l’Education reste l’un des « E » de l’administration de Michel Martelly. « E », comme priorité.

 

http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/articleprint/126544.html

 

Más notas sobre el tema